la génétique

La génétique des populations est aujourd’hui l’outil le plus performant et le plus adapté pour l’étude des origines. Les laboratoires se sont largement développés ces dernières années, bien que la France ait pris un grand retard dans ce domaine.

Le principe : Chaque cellule du corps humain contient 2 sortes d’ADN :

le premier, dans le noyau des cellules, constitué des 22 paires de chromosomes, plus la paire indiquant le sexe (YX pour les hommes et XX pour les femmes). Hérité du père et de la mère, il fournit des informations sur les 2 parents. Les chromosomes Y ne sont transmis que par le père.

Le second, dans la mitochondrie ( l’usine énergétique de la cellule ). C’est l’ovocyte de la mère, avec son noyau et ses mitochondries, qui forme la cellule initiale de l’enfant. Lors de la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovocyte, seule la tête du spermatozoïde, contenant son noyau est transmise. Les mitochondries du spermatozoïde sont exclues.

ADN dans la cellule (source internet « curieuxsavoir »

Les 3 grands types de tests ADN

  • l’analyse de l’ADN mitochondrial (mtDNA) qui informe uniquement sur la mère.
  • l’analyse du chromosome Y (y-DNA) qui informe uniquement sur le père.
  • l’analyse autosomale, sur les 22 paires de chromosomes (mix entre les parents).

Tous les humains ont un ADN très similaire à 99,9 %. Il y a, en fait, une unique race humaine composée d’ethnies qui sont différenciées par des détails.

L’ADN est une double hélice dont chacun des deux brins est orienté de façon opposée. Elle est composée de l’assemblage de quatre bases azotées : A (adénine), T (thymine), G (guanine) et C (cytosine) que l’on abrège A, C, G et T, et qui sont comme des lettres dont la combinaison forme des mots. L’enchainement de milliards de ces lettres se lit, tel un code. Nous partageons tous des séquences strictement identiques. En certains endroits, ces séquences peuvent comporter des variations suivant les individus : c’est ce qui crée la différence.

Les SNP (exemple : TCTGAAATTG et GCTGAAATTG)

Les SNP (Single Nucleotide Polymorphism) sont des variations d’une seule base qui interviennent toutes les 1000 bases environ. (Sur l’exemple, on compte 1 variation tout les 10 lettres). Au sein d’une population, ces variations sont communes et transmises de génération en génération. Nous pouvons ainsi imaginer que la population bretonne se caractérise par un T au début de notre séquence exemple, alors que les autres ethnies auront toute un G.

Les STR (exemple : ATTCGTATATATGACCTAG)

Dans d’autres cas, certaines séquences peuvent se répéter : ce sont les STR (Short Tandem Repeats). Ainsi , dans l’exemple, on a un « TATATAT » au milieu de la séquence. Les congénères de notre ethnie peuvent partager ce genre de répétitions.

Les tests ADN

Il existe des milliers de marqueurs spécifiques pour identifier des ethnies, même si il se pose aussi un certain nombre de problèmes (marqueurs communs à certains groupes créant des interférences, mutations génétiques, marqueurs qui se recoupent, s’annulent, s’additionnent, etc.). La qualité de ces tests sera fonction des marqueurs testés, de leur spécificité, de leur quantité, et de leur mix au sein de chaque individu.

 

Marques STR et STN pour estimer l’origine ethnique (source internet « curieuxsavoir »)

Cependant, les résultats sont sans indications de temps : les origines révélées grâce à l’ADN peuvent remonter à des centaines ou à des milliers d’années. Les généticiens et anthropologues ont profité du progrès considérable des outils génétiques pour constituer des arbres des migrations Humaines.

 

Les samaritains:

La génétique a été sollicitée pour apporter certaines réponses quant à l’origine des Samaritains. L’étude de Shen et al., en 2004  a ainsi porté sur la comparaison entre les chromosomes Y de 12 hommes Samaritains et ceux de 18-20 hommes non Samaritains, répartis entre 6 populations juives (d’origines Ashkénaze, Marocaine, Libyenne, Éthiopienne, Irakienne et Yéménite) et 2 populations non-juives israéliennes (Druzes et Palestiniens). Les résultats d’analyses précédentes sur des groupes d’Africains et d’Européens ont été intégrés dans l’analyse statistique. L’ADN mitochondrial (hérité des femmes) a également été comparé.

L’étude conclut que des ressemblances significatives existent entre les chromosomes Y (masculin) juifs et samaritains, mais que l’ADN mitochondrial (hérité des femmes) diffère entre les populations juives et samaritaines. « À notre surprise, tous les chromosomes Y des Samaritains non-Cohen [n’appartenant pas à la famille sacerdotale] appartiennent au groupe Cohen » (une caractéristique génétique qu’on rencontre majoritairement chez les juifs  cohanim, c’est-à-dire supposés descendre d’Aaron. « Les données […] indiquent que les chromosomes Y[masculin] samaritains et juifs ont une affinité beaucoup plus grande que ceux des Samaritains et de leurs voisins géographiques de longue date, les Palestiniens ».

« Cependant, ce n’est pas le cas pour les haplotypes d’ADN mitochondrial. […] les distances entre Samaritains, Juifs et Palestiniens pour l’ADN mitochondrial sont à peu près identiques. De plus, la basse diversité […] suggère que le flux de gènes maternels dans la communauté samaritaine n’a pas été très élevé » (peu d’entrées de femmes dans la communauté).

Les auteurs de l’étude penchent finalement en faveur d’une approche mixte entre remplacement et continuité : « nous supposons que [les caractéristiques génétiques samaritaines] présentent un sous-groupe des prêtres juif Cohanim d’origine qui n’est pas parti en exil quand les Assyriens ont conquis le royaume du Nord […], mais qui ont épousé des Assyriennes et des femmes exilées réinstallées à partir d’autres terres conquises ». Il faut cependant noter deux points. D’une part la « diversité élevée des haplotypes d’ADN mitochondrial chez les Israéliens suggère que les fondatrices féminines de chaque groupe juif aient été peu nombreuses et de différentes ascendances ».

La spécificité des marqueurs génétiques féminins samaritains est donc difficile à interpréter à la lumière de la spécificité des marqueurs génétiques féminins de chaque groupe juif. D’autre part, l’apparition des spécificités n’est pas datée. Elle peut remonter avant, pendant ou après la période de la conquête assyrienne, et ne nous renseigne donc pas forcément sur les évènements provoqués par celle-ci.